DANDOY Albert - Joutes sur la Sambre à Namur avant 1790
Numéro d'inventaire
P62
Domaine
Peinture
Auteur
DANDOY Albert
Création
Peintre
1957
Matière
Toile
Technique
Huile
Mesures
Hauteur en cm : 85
Largeur en cm : 119
Cadre - Hauteur en cm : 99
Cadre - Largeur en cm : 132,5
L’oeuvre
Ce tableau reconstitue une festivité locale, une joute nautique dans le vieux Namur sous l’Ancien Régime.
A l’avant-plan se rassemble le public composé de femmes, d’hommes et d’enfants qui regardent le combat naval sur la Sambre. Même les chiens participent à l'évènement. A y regarder de près, les classes sociales ne se mélangent pas. Du côté droit, les spectateurs prennent leur aise sur un léger promontoire. Leur code vestimentaire révèle leur classe sociale aisée : les hommes portent des chapeaux, des culottes courtes au-dessus de bas blanc et des manteaux leur arrivant aux genoux ; Les femmes ont des jupes ou robes aux couleurs pastel avec des jupes gonflées par des paniers1. Rubans et dentelles accompagnent les tenues. Si hommes et femmes portent des perruques, de nombreux hommes portent des chapeaux foncés à large bords, ou des tricornes (bords relevés sur trois côtés) sous des cheveux tenus à la nuque par un ruban.
Quasi au centre du tableau, une servante avec son tablier blanc et un panier semble indiquer “C’est par là que cela se passe !”Deux enfants accourent derrière elle tandis que deux chiens les regardent béatement.
Côté gauche, en contrebas, les spectateurs sont davantage amassés les uns aux autres. Ils sont d’une classe plus populaire au vu de leurs vêtements plus “paysan”, réalisés en tissu moins fins. Une femme âgée en noir se tient à l’écart, debout sur une canne, sans doute pour éviter la foule.
Sur la Sambre, les rameurs s’attèlent à naviguer tandis que les échasseurs se combattent à même les embarcations.
Sur la rive opposée, le public s’amasse aussi.
A l’arrière-plan, figure une vue pittoresque de la vieille ville de Namur. Des remparts se détachent les toitures à versants en ardoises des plus hautes bâtisses en maçonnerie. Un clocher à bulbe s’aperçoit aussi au loin. Une des portes d’accès de la ville y est figurée avec une ouverture en arc brisé de style gothique. Plus loin, sur la rivière, un pont en pierre à trois arches relie Namur à Jambes.
La composition est animée et vive tant par le chatoiement de ses couleurs employées que par les mouvements des personnages. Seule la vieille ville semble bien calme.
Le style du tableau se rattache à la tradition impressionniste : la touche est spontanée et nerveuse et les couleurs légères. La toile semble avoir été rapidement esquissée avant d’'être peinte afin d’en garder la fraîcheur et la vie.
Les joutes nautiques
Origine des joutes
Les joutes nautiques sont pratiquées par les bateliers namurois depuis le Moyen Âge. Elles sont inspirées des tournois féodaux mais ici le destrier est remplacé par un bateau.
A noter qu’avant les canalisations de la Sambre et de la Meuse, la navigation de ces cours d’eaux était difficile et pénible, voire, en certaines saisons, dangereuse. Ce dur métier nécessitait donc des moments de détente pour chacun. Aussi les bateliers de Sambre et Meuse, qu’ils soient maîtres, compagnons ou apprentis y allaient-ils franc jeu les jours de liesse. Ces membres utilisaient évidemment leurs qualités professionnelles pour se livrer à des amusements en rapport avec leur métier. D’autant plus que les Namurois jouissaient de la réputation d’être excellents nageurs et plongeurs ... Leurs fêtes passaient aussi pour celles des plus bruyantes…
Le “roy des jouteurs”
Les joutes nautiques étaient composées de deux escadres qui s'affrontaient sur six embarcations. Celles-ci étaient montées de six hommes : quatre rameurs lestement habillés, un batteur de tambour et un combattant habillé de bleu, avec des rubans rouges aux poignets, aux coudes, aux épaules et aux genoux ainsi que d’un bonnet blanc orné d’une cocarde. Le combattant était protégé à sa poitrine d’un plastron d’osier. Pour combattre ses adversaires, le jouteur se tenait debout, armé d’une lance de bois terminée d’un gros bouton plat.
Le signal du combat était donné par trois fanfares de timbales et de trompettes. Le combat se déroulait en quart de finale, demi-finale et enfin la finale. Est déclaré vainqueur d'une joute celui qui reste en dernier lieu sur la nacelle ou touche l'eau en dernier. Le vainqueur au terme de ce tournoi est déclaré "Roy des jouteurs".
Une tradition vivante qui évolue !
Après une période d’éclipse, cette tradition revit à Namur avec un maximum d’authenticité depuis 1974. Chaque 2e dimanche d’août, les “Plantois des Compagnons de Buley” et les “Jambois des Naiveurs” s’opposent. Cet événement mêle ainsi compétitions sportives et folkloriques, costumes, musiques et combats dans un spectacle toujours aussi attrayant que jadis.
Tout patrimoine vivant et immatériel évolue au fil du temps. C’est ainsi que les joutes se sont déplacées sur la Meuse à la Plante et que, depuis 2015, des joutes féminines sont organisées.
Pour en savoir plus sur les joutes nautiques aujourd’hui :
https://www.youtube.com/channel/UCF07X55Yss6NFg0h25g9x0A
https://lefiefnamur.be/joutes-nautiques-de-namur-tradition-vivante/
"Les joutes sur la Sambre avant 1750. A. Dandoy. 1957. D’après des souvenirs”.
Paysage Namurois présentant des joutes nautiques sur la Meuse avant 1790. Encadrement doré lisse.A l'arrière plan, la citadelle, a ses pieds, la Meuse et les barques, à l'avant plan, le public. Couleurs vives.
Bibliographie
Bernadette Bodson
Le Guetteur Wallon, Jeux et Sports Nautiques à Namur, revue trimestrielle, 46ème année, 1970, n° 1, pp. 6-12.
Facettes
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